Iddir et ses collègues ont-ils les qualités et l’aptitude à comprendre un football tunisien qui a beaucooup changé ces dernières années?
Ils seront toujours dépendants de la Fifa à moins qu’ils ne tiennent des élections.
Ce n’est pas quelque chose qui fait plaisir, il n’y a pas d’ailleurs de quoi pavoiser après l’intronisation tardive de ce fameux comité de normalisation présidé par Kamel Iddir. Aussitôt installé, le trio mandaté par la Fifa s’est vite rendu au ministère des Sports, chose qui peut être interprétée d’une seule manière : Kamel Iddir, ancien président du CA dans une époque où le régime désignait les présidents des clubs, a l’«aval» et le soutien du ministre des Sports qui a résisté à la pression de la Fifa pour imposer le nouveau «président par intérim» de la FTF. D’ailleurs, Kamel Iddir n’était pas le premier choix proposé par la Fifa qui lui reprochait les différents postes politiques de sa carrière et son étiquette de dirigeant proche du gouvernement chaque fois où il exerçait. Mais faute d’autres candidats, et après le refus des personnes contactées et, pour éviter plus de retard, la Fifa a cédé. Mais dans tous les cas, l’instance de Zurich a toutes les cartes en main. C’est elle qui, pendant ces 6 mois qui devraient conduire à des élections, va avoir le contrôle strict sur la FTF et le football tunisien. Ce n’est pas une bonne nouvelle, au contraire notre football, riche par son prestige et par son vécu, est aujourd’hui dans un état lamentable tel un malade sous surveillance médicale. C’est ça l’image réelle et dure de cette FTF, victime des jeux macabres des coulisses et des spéculations pernicieuses pour succéder à un Wadi El Jary qui a créé le vide autour de lui. Kamel Iddir et son comité sont là pour exécuter la feuille de route dictée par la Fifa. Ils ne sont pas là pour concevoir et reconstruire (peuvent-ils le faire eux qui sont loin et déconnectés du monde du football qui a complètement changé ces dernières années?) mais pour gérer les affaires courantes et opérationnelles et surtout pour préparer des élections avant le 25 janvier 2025. Ils seront suivis et accompagnés par les différents fonctionnaires et experts de la Fifa et de la CAF, dans la mission de changer les règlements des élections pour pouvoir élire un nouveau bureau fédéral. Tous les autres chantiers comme le championnat, l’équipe nationale, les dettes des clubs, les compétitions des divisions inférieures, etc…, ce n’est pas ce comité de normalisation qui va s’en occuper. Il pourrait proposer et essayer de résoudre quelques petits problèmes mais des solutions de fond, il n’en est ni capable ni redevable.
L’attitude des clubs
La FTF est, aujourd’hui, tel un élève qui n’a pas réussi son examen mais qui va avoir une chance de rattrapage.
C’est sa dernière chance de réussir pour retrouver sa souveraineté. Car jusqu’ici on est un football sous tutelle et dépendant qui n’a pas un comité élu pour diriger la fédération. Il faudra cette fois tout déployer pour réussir à tenir des élections avec de nouveaux règlements. Gare surtout à ce comité de normalisation de dévier de sa mission car les chantiers compliqués demandent beaucoup de temps et des gens élus ayant plus de recul et d’autonomie pour agir. Et les clubs? Il semble qu’ils n’ont pas bien saisi la nature et les prérogatives de Kamel Iddir et de son comité. Tous demandent des solutions à leurs problèmes éternels, chose qui ne peut pas être assurée par le comité de normalisation. Ce serait trop lui demander, car, au meilleur des cas, ce comité peut les aider avec certaines mesures palliatives et des compromis. Les clubs doivent saisir la sensibilité de cet état des lieux. Déjà, on a une date du début du championnat et déjà on travaille pour élaborer un calendrier à la DTN. Reste alors le chapitre arbitres, le dossier le plus chaud et le plus complexe qui n’a jamais été bien traité. Encore une fois, les clubs doivent composer avec ce qu’il y a, c’est-à-dire Néji Jouini et ses adjoints qui n’ont rien apporté mais qui vont poursuivre jusqu’à ce qu’un nouveau bureau fédéral aura le pouvoir. Pour rêver d’un lendemain meilleur, nous devons d’abord accepter la réalité de notre football. Un football assisté, accompagné qui essaye de trouver ses repères et de se relever aussi vite qu’il a chuté. Pas la peine qu’on rêve trop ou que l’on exige quoi que ce soit. On aimerait bien que cette période transitoire passe le plus vite possible pour passer à un bureau fédéral élu et maître de ses décisions sans l’«envahissante» sollicitude de la Fifa.